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Formes élémentaires de la vie religieuse - Emile Durkheim
7 septembre 2012

Le Totémisme moderne courant

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  1. Le totémisme moderne courant
  2. Profane et sacré
  3. Clans et identité
  4. Les chirungas : gri-gris et identifians
  5. Les corroborris ou comémoratons
  6. Les rites piaculaires (acétisme)
  7. Mythologies et idéologies

La démonstration de Durkheim consiste essentiellement à définir le sacré (la religion) comme le ferment sine qua non de toute communauté humaine.

Toute communauté humaine se fonderait ainsi sur l'établissement de Totem et sous totems sacrés vénérés, dont la fonction essentielle est de former et entretenir le lien social qui unit la communauté.

Mais Durkheim, obnubilé par cette démonstration, a eu du mal à tirer toutes les conclusions de son étude en cantonant le sacré aux phénomènes religieux en eux mêmes.

De fait, son projet ne pouvait que déranger la pensée religieuse stricto sensu, voir même les rationalistes, et il n'a sans doute pas voulu pousser le bouchon trop loin dans sa démonstration déjà assez iconoclaste par elle même.

Par ailleurs, les modèles sociaux de son époque étaient assez stéréotypés, et finalement assez réducteurs en soi. Et s'il a ouvert une brèche dans ces stéréotypes, il n'a pas ouvert les vannes à fond sur les bouleversements que son étude pouvait révolutionner dans notre façon de concevoir le sacré, notamment dans ses aspects d'apparences laïques qu'il assimila assez prudemment au profane par manque d'audace.

Aussi il n'a pas connu les bouleversements idéologiques apparus après à son étude, tel que le développement des cultes sportifs, politiques et culturels, assez embrionaires à l'époque : J.O., foot, basket, base ball, etc, communisme, nazisme, et les grandes messes politiques à l'américaine et autres actuelles, enfin le développement des cultes des idoles du show biz, et des arts en général.

Néanmoins, il a entrouvert la porte. Mais on pressent bien que sa proposition : "Il n'existe pas de communauté humaine qui ne repose sur la sacralistion de Totems sacrés identifiant cette communauté", que cette proposition ne peut-être que réflective en soi. C'est à dire "Toute communauté  possède donc à priori des totems qui la fondent et perpétuent". La question est donc de mettre en lumière les totems en question, l'âme collective qu'ils fondent et formalisent, ses valeurs, croyances et rituels qui y sont attachés ?

Même s'il n'a pas enfoncé le clou sur les communautés fondées sur des valeurs sacrées mais à priori laïques, il n'a cessé d'émailler son étude d'exemples modernes de totémisme emprunté à la société laïque.

  • Sur la famille, il fait ainsi remarquer que les armoiries des familles nobles, ressemblent à s'y méprendre  aux chirrunguas amérindiens (emblèmes totémiques) qui identifient un clan religieux (ancètre de la famille actuelle), démontrant sans en avoir l'air la nature profondément religieuse de la structure familiale. Nonobstan une religion n'est jamais qu'une famille idéologique où on s'y appelle frères, saint-père, mère supérieure, etc..
  • Sur la politique, il démontra que la révolution française (plutôt antichéricale pourtant) se fonda sur des processus émminemment sacrés. Il enfonça le clou en distillant des exemples de totems sacrés attachés au patriotisme tels que la sacralisation du drapeau national, qui en soi avait une valeur plus importante que le simple morceau d'étoffe qui en était le support, profane à priori, mais qui s'exacerbe dans sa sacralisation.
  • De même sur les manifestations culturelles, il fait remarquer que ces dernières étaient entièrement dévolues aux cultes à l'origine : Des chants, corégraphies, histoires étaient ainsi mis en scène lors des corroborris (manifestations religieuses), rituels de renouvellement et refondation spirituels du lien social.
  • Il y développa la notion de "mana" : Avoir de la "mana" c'est posséder une force spirituelle, que l'on pourrait traduire par charisme, étendu donc aux domaines politiques, artistiques et de culturels. Einstein, Yannick Noah, Jaurès avaient de la "mana". Ceci dit le charisme est une valeur relative, si Sarkosy a du charisme (diversement apprécié d'ailleurs), Fillon n'est pas à priori charismatique (et a sans doute été choisi  en cela pour ne pas faire d'ombre à Sarkosy), mais son intronisation comme premier ministre lui a conféré du charisme : Occuper un poste sacralisé confère "naturellement" du charisme à son occupant.
  • Enfin il met l'accent sur le caractère sacré de toute conception cosmologique humaine de l'univers, c'est à dire de la somme de connaissances qu'un groupe se forge dans la connaissance de son environnement. Aussi assimile-t-il la démarche scientifique à une phénomènologie quasi religieuse, quoi que rompant avec la mythologie en se fondant sur la rigueur méthodologique, elle reste néanmoins attachée au principe que les évidences premières sont trompeuses et que la réalité des phénomènes en cause reste à découvrir au dela de ces apparences : qu'il y a bien un sens caché qui reste à découvrir par des rituels initiatiques.

Et si Durkhein n'a pas approfondit la question, tout occupé par sa démonstration initiale, il a clairement entrovert la porte à toutes les études ultérieures sur les développements laïcisants de ses succésseurs sur les fondements des sociétés modernes actuelles.

 

 Ainsi maints sociologues et philosophes suivront et approfondiront ces pistes : Par exemples : 

  • D'une manière générale on signalera l'ouvrage collectif " Le Sacré hors religion ", Ou encore l'ouvrage " Nos cultes modernes " de Philippe Laburthe-Tolra (Ed. PUF 1992)
  • Sur le politique Raymond Aron initia en 1940 : "Je propose d"appeler religions séculières les doctrines qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie, et situe ici bas le salut de l'humanité, dans le lointain de l'avenir, sous la forme d'un ordre social à créer" (1) : Ce que Pierre Bourdieu qualifira par ailleurs d' "Idolâtrie politique" (2), Jean Séguy de "religions analogiques" (3), Julien Freund de "politiques de salut" (4), et Jean Pierre Sironneau de "religions politiques" (5). et un commentaire d' Henri Desroches sur le livre d'Alain Peyreffite sur la Chine Maoiste. . .  Certains partent plutôt d'un postulat weberien dans le concept du "politique investi du reflux du sacré des religions désenchantées", mais finalement ces derniers finissent par renvoyer à Durkheim.
  • Pour le sport on notera Pierre Sansot dans son ouvrage "les sports et le sensible" (6), Et l'essai de Denis Muller "Le football comme religion populaire et comme culture mondialisée"
  • Concernant les arts on verra au passage cet article de Renault Tarlet "Le rituel du concert et la quetion du sacré" (2009)

Bon, on n'en finirait pas de s'étaler sur la pléthore d'essais sur la question...  Mais plutôt que parcourir les domaines visés exhaustivement, tachons de définir les caractéristiques générale des courants sociaux touchant au sacré ? A quoi peuvent s'appliquer ces lois fondamentales universelles... Eh bien, suivant la définition de Durkheim, "toute communauté humaine s'étant formée, autour de n'importe quoi qui définisse un intérêt commun", en général ce n'importe quoi revet un respect suffisant dans cette communauté pour qu'elle sacralise tout ce qui s'y rapporte, formant ainsi Totem. Ceci dit un Totem n'est pas toujours évident au premier abord : Quel est le totem des athées ? la raison ?... ou la foi en la capacité des humains à se passer de dieux ?... c'est assez impalpable en soi.

Mais donc OUI ! Durkheim a bien ouvert la porte à une lecture totémique et sacrale de toute communauté d'esprit fut-elle parfaitement laïque.

1. Raymond Aron : "L'age des empires et avenir de la France" (Ed. Défence de la France - 1947)

2. Pierre Bourdieu : " La délégation et le fétichisme politique " (1984)

3.  Jean Séguy : " Modernité religieuse, religion méthaphorique et rationalité " (1989)

4.  J. Monnerot :"Sociologie du communisme" (éd. Hallier)

5. Jean Pierre Sironneau  "Sécularisation et religions politiques" (Ed. Mouton - 1982), "Escatologie et décadence dans les religions politiques" 

6. Yves Le Pogam : " L'anthropo-sociologie poétique de Pierre Sansot " voir chapitres "Sacré, émotion et production symbolique", "L'entrée dans le sacré"

 

Mais voyons voir les points de vues visibles qu'on peut observer de visue sur la question au quotidien : ...


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