Résumé et conclusions du Livre II
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V
Nous voici parvenus à la conception la plus haute à laquelle se soit élevé le totémisme. C'est le point où il rejoint et prépare les religions qui suivront, et il nous aide à les comprendre. Mais en même temps, on peut voir que cette notion culminante se relie sans interruption aux croyances plus grossières que nous avons analysées en premier lieu.
Le grand dieu tribal, en effet, n'est qu'un esprit ancestral qui a fini par conquérir une place éminente. Les esprits ancestraux ne sont que des entités forgées à l'image des âmes individuelles de la genèse desquelles ils sont destinés à rendre compte. Les âmes, à leur tour, ne sont que la forme que prennent, en s'individualisant dans des corps particuliers, les forces impersonnelles que nous avons trouvées à la base du totémisme. L'unité du système en égale la complexité.
Dans ce travail d'élaboration, l'idée d'âme a, sans doute, joué un rôle important : c'est par elle que l'idée de personnalité a été introduite dans le domaine religieux. Mais il s'en faut ... que l'âme ne contienne toute la religion en germe. D'abord, elle suppose avant elle la notion de mana (Force) ou de principe totémique dont elle n'est qu'un mode particulier. ... L'idée d'âme a seulement servi à orienter l'imagination mythologique dans une nouvelle direction, à lui suggérer des constructions d'un genre nouveau. Non tant de la représentation de l'âme, la matière de ces constructions a été empruntée à ce réservoir de forces anonymes et diffuses qui constituent le fond primitif des religions. La création de personnalités mythiques n'a été qu'une autre façon de penser ces forces essentielles.
Quant à la notion de grand dieu, elle est due tout entière au ... sentiment tribal directement dévivé du sentiment totémique clanique. Le totémisme n'était pas l’œuvre isolée des clans, mais qu'il s'élabore toujours au sein d'une tribu qui avait, à quelque degré, conscience de son unité. C'est pour cette raison que les différents cultes particuliers à chaque clan se rejoignent et se complètent de manière à former un tout solidaire. Or c'est ce même sentiment de l'unité tribale qui s'exprime dans la conception d'un dieu suprême, commun à la tribu tout entière. Ce sont donc bien les mêmes causes qui sont agissantes de la base au sommet de ce système religieux.
Toutefois, nous avons considéré jusqu'ici les représentations religieuses comme si elles se suffisaient et pouvaient s'expliquer par elles-mêmes. En fait, elles sont inséparables des rites, non seulement parce qu'elles s'y manifestent, mais parce qu'elles en subissent, par contre coup, l'influence. Sans doute, le culte dépend des croyances, mais il réagit sur elles. Pour les mieux comprendre, il importe donc de le mieux connaître. Le moment est venu d'en aborder l'étude.
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